La méditation c'est de la merde (non)

Parmi les chaînes YouTube que je suis, il y a la Tronche en Biais. C’est une chaîne dédiée à l’esprit critique, à la lutte contre les pseudos-médecines et les fake news en tout genre. Et il n’y a pas longtemps, ils ont sorti une vidéo sur la méditation. Enfin, pas longtemps, tout dépend dans quel millénaire vous lirez cet article. Résumé rapide : la méditation c’est nul et ça n’a que des effets secondaires potentiellement graves. Méditant pratiquant moi-même, je dois avouer avoir encaissé un bel uppercut. J’entendais souvent que la méditation c’était bien pour plein de trucs. J’ai ressenti le besoin de faire un point. Oui, cet article de blog est un point.

Cet article va vous ouvrir la voie vers la méditation trans-cosmique (en vrai j'avais juste besoin d'une image d'illustration)

La méditation et la santé

Pour commencer, voici la vidéo en question :

Celle-ci reprend, presque littéralement, une fiche de l’Ordre National des Infirmiers sur le sujet, élaborée pour se positionner sur les pratiques non conventionnelles de santé.

Si un institut de cet acabit dézingue la méditation, c’est qu’elle doit avoir raison, me suis-je dit en premier lieu. Ensuite, j’ai relu attentivement le document, et je me suis aperçu d’une truc très bête, pourtant mentionné dès l’introduction : ce que dégomme cette fiche, c’est l’utilisation de la méditation comme outil thérapeutique. Ce n’était pas évident pour moi, car je pensais que c’était la pratique générale de la méditation qui était critiquée.

Très franchement, je ne peux qu’être d’accord. L’utilisation de la méditation pour des délires pseudo-mystiques par des charlatans existe malheureusement, et cela engendre des retards de soins.
Pour faire une comparaison dans le thème de ce blog, j’ai déjà entendu quelques fois que le jeu de rôle permettrait d’aider les personnes (notamment les enfants) souffrant d’autisme. Pour autant, vous n’allez pas inscrire votre gamin à un club de jeu de rôle en pensant que ça va le guérir. Non, c’est l’inverse : vous allez voir un professionnel, et le jeu de rôle
peut faire partie de l’arsenal thérapeutique. De même, la méditation peut être recommandée dans le cadre d’un parcours de soin, mais elle n’est pas la réponse.

Pour discuter du sujet de la santé, je n’ai juste pas le niveau. Néanmoins, la Tronche en Biais m’a appris à avoir un esprit critique et à remonter à la source. Alors je l’ai fait. Globalement, la méditation a un effet (très) faible. Par ailleurs, la science sur le sujet serait d’assez mauvaise qualité, plus exactement elle a des méthodologies pas géniales, et produit donc des résultats discutables.

Les effets délétères de la méditation

Que la méditation ait peu d’effets m’a certes un peu déçu mais n’a pas changé ma vie pour autant. Par contre, la vidéo et la fiche font état d’effets secondaires :

D’autant que la pratique de la MPC n’est pas anodine. De plus en plus d’études et de méta-analyses font état d’effets secondaires graves avec des phénomènes de dépression, de décompensation ou de tentatives de suicides, autant d’effets déjà connus depuis les années 70 avec la Méditation Vipassana.

Suivant les données cela toucherait 8 à 25 % dès la première année de pratique[6]. Pourcentage dépassant les 80% chez les méditants occidentaux, tous types de méditations confondues, après 4 années de pratique[7].

C’est ça qui m’a mis un coup. Est-ce que depuis tout ce temps, je fais quelque chose qui me fait du mal ? Comme vous pouvez le voir avec les [chiffres], il y a des sources, donc je suis allé les voir. Je rappelle que je n’y connais rien, j’ai donc sauté aux conclusions, et j’ai tenté de vous traduire les choses qui me paraissaient pertinentes.

Ici, pour le [6] :

En raison du petit nombre d'études qui ont spécifiquement cherché à investiguer les effets indésirables, il demeure peu clair si la pleine conscience peut conduire à des conséquences négatives sur la santé. Cependant, sur la base des études examinées ici ainsi que sur l’expérience d’enseignement des présents auteurs de la pleine conscience sur une période de plusieurs décennies, plutôt que la pleine conscience en elle-même, nous dirions que c'est un manque de compréhension des nuances de la pleine conscience parmi certains instructeurs – et le mauvais enseignement qui en a résulté – qui est susceptible de poser le plus grand risque pour les patients.

Et pour le [7] :

Échantillon non représentatif. L'étude a délibérément échantillonné des méditants qui avaient des expériences de méditation éprouvantes qui sont souvent sous-estimées. Ainsi la fréquence de 100 % des expériences difficiles sont un artefact de l'échantillonnage et non le reflet de la fréquence réelle parmi les méditants bouddhistes occidentaux.

En clair, le [6] ne valide pas le propos énoncé, et l’étude citée en [7] n’a dans son échantillon que les méditants ayant rencontré des problèmes… Je n’ai ainsi pas trouvé à quoi correspondaient les 80 % indiqués dans le texte initial.

La méditation et le bien-être

En me basant sur ces sources, on peut raisonnablement penser que des effets secondaires à la méditation existent, mais qu’ils sont rares, et qu’il n’y a pas spécialement de contre-indication à la pratique. On peut comparer cela avec le sport : s’il y a un risque de blessure à pratiquer seul, ce n’est pas majeur.

J’en arrive donc où je voulais en venir. La méditation c’est une pratique qui me fait du bien, qui me procure de la joie, et la science ne me donne pas de raison d’arrêter. Alors, il paraît que le sport serait meilleur que la méditation. Sauf qu’on s’en fout. On ne choisit pas nos hobbys en raison de leurs bénéfices médicaux, mais parce qu’ils nous font vibrer.

Comme toute passion, la méditation peut devenir obsessionnelle : on veut la faire tellement bien qu’on y pense tout le temps, on exige de soi une performance qui peut devenir auto-destructrice. Mais sur ce point, ce n’est pas limité à la méditation. Ce qui est propre à la méditation en revanche, c’est que ces injonctions peuvent venir de l’extérieur.

La méditation et le capitalisme

Je ne sais plus si j’ai découvert la méditation grâce au développement personnel ou l’inverse. La méditation concentre tout de même une grosse hype dans ce milieu, et attire son lot de requins qui flairent le pognon. Je pense à deux choses essentiellement : les vendeurs et le mindfullwashing.

Les vendeurs de méditation

A la base, il est difficile d’imaginer une pratique moins élitiste et moins coûteuse que la méditation : vous avez besoin de vous, d’un coussin ou d’une chaise, et de rester assis dessus pendant un certain temps. C’est vraiment facile.

Mais certains ont décidé d’en faire leur business : alors ils vendent des coussins à la con, des accessoires, mais surtout, des méditations. Cela peut être des podcasts, des livres, des séminaires, des retraites au Népal, etc.

Certaines de ces personnes – pas toutes – veulent continuer de vous vendre des trucs. Pour que vous soyez toujours demandeurs, ces personnes ont besoin de vous maintenir dans un état d’insatisfaction relative. Vous devez être assez bien pour avoir envie de revenir, mais pas assez pour vous dire que vous pouvez voler de vos propres ailes. Ils vont toujours vous faire croire que quelque chose ne va pas. Et vous promettre d’y remédier à la prochaine formation. Ce sont eux, les injonctions de l’extérieur.

Le mindfullwashing

Je viens d’inventer le mot. Vous en pensez quoi ? Ah, pour que vous puissiez répondre, il faut peut-être que j’explique. C’est simple, ce sont les employeurs qui proposent de la méditation à leurs employés. Ils le font pour plein de raisons : pour se donner bonne conscience, être dans une dynamique RSE (responsabilité sociétale et environnementale), et profiter d’une hausse de productivité attendue… Vous remarquerez que c’est souvent proposé en dehors du temps de travail.

Mais surtout, il y a un effet incroyablement pervers. Je ne vais peut-être pas vous surprendre, mais quand une entreprise veut faire profiter de méditations à ses employés, elle fait appel à… des vendeurs de méditations. Ils vont vous promettre que vous pouvez être libre grâce à la pleine conscience, et que ça ne dépend que de vous. Les fondations sont posées.

Ainsi, quand arrivera un conflit, un burn-out, n’importe quoi, le management pourra rejeter la faute sur la personne. « Ha oui, Bidule n’était pas assez résiliente, elle n’a pas pu lâcher prise, elle a craqué… Franchement c’est dommage, alors que lui avait proposé tant de séances de méditation... » La méditation sert donc de sparadrap si facile à dégainer par la direction, permettant de prétexter que l’on agit, sans s’attaquer à la source réelle des problèmes. Alors oui, pour faire face aux difficultés, la méditation peut aider, mais elle ne résoudra rien par elle-même.

A titre personnel, j’ai un petit cas pratique : ma boîte nous a offert un abonnement de quelques mois à Petit Bambou. Vous avez accès à une application, et ils vous sortent une newsletter avec des webinaires. Du coup j’ai testé. Eh bien autant j’étais agréablement surpris par la qualité des méditations guidées proposées par l’application, autant les webinaires étaient vraiment des tentatives de rétentions assez grossières. Des titres comme « Comment lâcher prise au travail », etc. où on nous explique avec moult circonvolutions que si notre patron/collègue/client nous crie dessus, nous devons être capables d’écouter et d’accepter sa colère. Niquez-vous.

Conclusion

Je me rends compte que je n’ai pas présenté la méditation sous son meilleur jour. Ce n’est pas très grave. Il y a des dérives sectaires où des gens vont vous promettre monts et merveilles grâce à la pratique. Il y a des dérives capitalistiques où on va chercher à vous sculpter, tout en vous arrachant votre pognon.

Mais vous pouvez aussi rester tranquillement assis, loin de ce tumulte. Je prêche pour ma paroisse, mais je dirais que la méditation mérite au moins qu’on l’essaie. Tenez, une playlist de méditations guidées que j’affectionne particulièrement, si ça vous intéresse.

Voilà, il ne me reste qu’à vous souhaitez de bien faire vibrer vos chakras quantiques en position du lotus. Prenez soin de vous. Faites ce que vous aimez.

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